Donner à entendre – de plus en plus fort, à mesure que le récit avance – ce que l’on ne peut pas montrer sans sombrer dans une obscénité sacrilège : c’est le parti pris brillant mais risqué de Jonathan Glazer, littéralement sur la frontière hérissée de barbelés qui sépare une immersion violemment dérangeante du refus de toute image fictionnelle, donc indécente, de l’extermination. La Zone d’intérêt ne montre pas « les horreurs de la guerre ». Du moins pas celles que l’on attend, car celles-ci restent ici hors champ. Il n’y a à proprement parler aucune scène de violence brutale dans ce quotidien à la choquante insouciance, et pourtant le résultat est l’un des films les plus glaçants et tétanisants vus depuis longtemps. Un film de monstres, tel qu’on n’en a jamais vu.

Grand prix festival de Cannes 2023